Phénoxyéthanol : si ce nom vous parle, vous savez certainement qu’il n’est pas hyper fréquentable. Disons les choses franchement, le phénoxyéthanol est même un ingrédient nocif à bannir totalement de tous vos cosmétiques. Explications.
Phénoxyéthanol : 3 bonnes raisons de le fuir !
Ecrit le 19.Apr.22 par Anne-Marie Gabelica — Mis à jour le 20.Apr.22
Moins pire qu’un autre, le phénoxyéthanol ?
Le phénoxyéthanol est utilisé en cosmétique comme solvant fixateur de parfums, comme stabilisant et surtout comme conservateur antibactérien et antimicrobien.
Il existe à l’état naturel, notamment dans le thé vert, mais c’est toujours sa version synthétique que vous retrouvez dans vos cosmétiques conventionnels, pur produit de l’industriepétrochimique : un éther de glycol. Une grande famille de produits nocifs dont beaucoup de membres sont carrément interdits dans les produits de consommation courante…
Le phénoxyéthanol est très (très !) courant. Crèmes, shampoings, laits hydratants, écrans solaires, gels douche, lotions, déodorants, maquillages et parfums, colorations, vernis, savons... un tiers des cosmétiques vendus en France en contiennent ! Et même les lingettes pour bébés au sujet desquelles 60 millions de consommateurs a tiré l’alarme dès 2013.
Pourquoi lui ? Les conservateurs synthétiques, ce n’est pas ce qu’il manque !
Si l’industrie cosmétique adore l’utiliser dans ses produits, c’est avant tout pour des raisons économiques : très stable, sans odeur, le phénoxyéthanol est facile à intégrer dans les formulations et surtout très bon marché. Mais les industriels nous affirment que c’est aussi pour notre bien : il serait moins pire que d’autres. Et voilà notre phénoxyéthanol consacré conservateur de choix de cosmétiques qui s’affichent fièrement produits sans paraben. Mmmh…
Oui, il faut bannir le phénoxyéthanol : la preuve par 3
Un progrès par rapport à d’autres agents nocifs, alors, le phénoxyéthanol ? Non : un scandale sanitaire ! A mettre urgemment sur votre liste des conservateurs… à ne pas conserver.
1. Pour l’environnement : un explosif cocktail polluant
Comme tous les éthers de glycol, le phénoxyéthanol est un ingrédient polluant et un produit très toxique. Le problème ? Son mode de production : issu du pétrole, il est éthoxylé.
L’éthoxylation est un procédé désastreux pour l’environnement au point d’être interdite par les labels de cosmétiques biologiques comme BDIH ou Nature&Progrès.
Elle consiste en une succession de réactions chimiques à base d’oxyde d’éthylène. Et franchement, on n’envie pas les travailleurs qui le manipulent : polluant, hyper inflammable et même explosif à l’air, cancérigène prouvé, génotoxique, irritant pour la peau (même à travers les vêtements !), les yeux et les voies respiratoires, délétère pour le système nerveux et le cerveau où il impacte mémoire, concentration et coordination main-œil... Beau palmarès !
Pour produire le phénoxyéthanol, il faut également du phénol, autre produit très toxique pour les êtres vivants (notamment par voie cutanée), écotoxique pour l’air, l’eau et les sols. Nécessitant des températures et pressions très élevées, l’ensemble du processus est de plus hyper énergivore.
Enfin, pour parachever le tableau, le phénoxyéthanol est très peu biodégradable : on le retrouve dans nos eaux, même après traitement.
Bref, carton plein pour le phénoxyéthanol qui intègre haut le main le groupe des substances les plus problématiques pour l’environnement.
2. Pour votre peau : irritations et allergies au programme
Ces arguments ne vous suffisent pas ? Sachez qu’avec le phénoxyéthanol, vous ne faites pas non plus de bien à votre épiderme !
Peu étonnant, au regard de ses ingrédients, il est irritant. Déjà pas terrible pour un ingrédient cosmétique. Mais il est aussi susceptible d’entraîner des allergies de contact, eczéma et urticaire. Et c’est un irritant oculaire : fuyez les soins contour des yeux qui contiennent du phénoxyéthanol !
Redoublez de prudence en cas de terrain allergique, peau fragile ou intolérante, mais gardez en tête que personne n’est à l’abri : on ne se sait pas allergique tant qu’on ne l’est pas. Dormante dans vos gênes pendant des années, une allergie peut se réveiller soudainement… pour ne plus jamais vous quitter.
Et il ne s’agit pas de simples suspicions : le phénoxyéthanol est un allergène reconnu. Le risque de sensibilisation cutanée est d’autant plus important que son application est régulière... et ce ne sont pas les sources d’exposition qui manquent avec une telle présence dans la composition des cosmétiques et produits d’hygiène du quotidien !
D’autant plus problématique qu’il est très courant dans les produits sans rinçage : il reste longuement sur la peau et a tout loisir d’agir.
Enfin, pour parachever son œuvre, en l’irritant, le phénoxyéthanol rend la peau plus perméable… et ouvre la voie à toutes les substances nocives pour la santé humaine qui l’accompagnent. Parmi lesquelles il a lui-même une place de choix.
3. Pour votre santé et celle de bébé : toxicité et effet perturbateur endocrinien
Moins médiatisé que les parabènes, le phénoxyéthanol n’a pourtant pas à rougir de son palmarès sanitaire :
• Parfaitement absorbé par la voie cutanée et métabolisé par notre organisme en acide phénoxyacétique, il est neurotoxique et toxique pour le foie et le sang.
• les preuves scientifiques manquent encore quant à son rôle précis dans l’apparition de cancers hormonaux-dépendants (cancer du sein, prostate, testicules, utérus, ovaires, thyroïde…) mais il est un cancérigène suspecté.
• on sait avec certitude qu’il est reprotoxique et perturbateur endocrinien.
Pour résumer, comme toute substance perturbatrice de notre système endocrinien, ses molécules dangereuses interfèrent dans l’activité de nos glandes endocrines : elles embrouillent nos récepteurs hormonaux en se faisant passer pour nos hormones naturelles dont elles bloquent ou modifient les messages.
De quoi faire perdre la tête à notre organisme qui finit par adopter des réponses inadaptées, souvent nocives pour notre santé.
Ainsi, le phénoxyéthanol est mis en cause dans :
• la baisse de la fertilité masculine et l’irrégularités des cycles féminins,
• les pubertés trop précoces (associées à des risques psychologiques, cardiovasculaires et de diabète),
• les malformations congénitales et troubles neurologiques chez le fœtus, augmentations du risque de fausse couche et de prématurité,
• les maladies neurodégénératives, l'obésité…
- Des effets qui se transmettent : nous ne sommes certainement qu’au début d’une catastrophe sanitaire qui se répercutera sur les générations futures !
Bref, pendant la grossesse, en phase de conception et, bien sûr, pour les bébés et jeunes enfants : principe de précaution maximal !
Preuve que le sujet n’est pas à prendre à la légère, les autorités de santé françaises sont depuis longtemps très alarmistes pour les moins de 3 ans à la peau beaucoup plus perméable et au seuil de tolérance au phénoxyéthanol beaucoup moins élevé.
L’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ex- Afssaps) demande depuis des années aux instances européennes une limitation stricte du phénoxyéthanol :
• 0,4% maxi dans les produits destinés aux enfants,
• interdiction totale dans les soins du siège des bébés (les fameuses lingettes utilisées sur les fesses des enfants notamment).
En vain : tous les cosmétiques vendus dans l’Union peuvent toujours contenir jusqu’à 1% de phénoxyéthanol. Et l’ANSM a dû s’incliner, obligée légalement de retirer ses recommandations plus protectrices pour la sécurité sanitaire des consommateurs…
Le phénoxyéthanol : dangereux mais facilement évitable
Perturbateurs endocriniens et effet cocktail
Après tout, si on nous dit que les taux de phénoxyéthanol des produits autorisées sont tolérables, quel est le souci ?
En réalité, même chez l’adulte, ce taux de 1% pose problème : il néglige l’effet cocktail. La dose fait souvent le poison, mais pas pour les effets des perturbateurs du système endocrinien : ils ne sont pas dépendants des quantités contenues par un produit.
C’est avant tout l’exposition répétée à certaines substances problématiques, même à faible dose qui fait le danger.
Faites l’expérience :
• Comptez les produits de beauté et produits d’hygiène susceptible de contenir du phénoxyéthanol que vous appliquez quotidiennement sur votre peau et/ou avec un risque d’ingestion (baumes et rouges à lèvres, dentifrices…).
• Ajoutez certains produits pharmaceutiques, peintures, vernis, encres, colorants, colles, textiles, produits ménagers et phytosanitaires qui exploitent ses qualités biocides (insecticides, pesticides), produits d’entretien mécaniques et industriels qui en contiennent.
• Prenez en compte que le phénoxyéthanol est loin d’être l’unique composé chimique à menacer au quotidien notre équilibre hormonal, par application cutanée ou inhalation : phtalates, bisphénols, parabens, dioxines, composés nocifs retardateurs de flammes des textiles et formaldéhyde qui les imperméabilise, résidus de pesticides dans nos aliments…
Et la liste est encore longue !
Bref, dès que vous pouvez éviter une substance chimique dangereuse pour la santé et l’environnement - perturbateur hormonal, produit cancérigène, toxique pour la reproduction…- c’est toujours ça de gagné !
Repérer le phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques et d’hygiène
Aujourd’hui, malgré 20 ans d’alerte, rien n’incite les fabricants à bannir le phénoxyéthanol. Pourtant, des études mettent régulièrement en évidence l’inquiétante sur-imprégnation de la population générale par les éthers de glycol, au premier rang desquels le phénoxyéthanol… Et la voie cutanée est leur principal mode de pénétration !
La seule solution : le bannir par nous-mêmes.
Bonne nouvelle : c’est plutôt simple.
Car le phénoxyéthanol est autorisé, oui, mais identifié comme dangereux. Donc encadré :
il doit apparaître clairement sur les listes INCI sous les noms : phénoxyéthanol, phénoxytol, EGPhE ou 2-phénoxyéthanol.
Concernant les lingettes bébé, l’ANSM a même durci le ton et renforcé les obligations d’étiquetage début 2019, suite à un rapport du Comité scientifique chargé d’une nouvelle évaluation des risques liés à l’utilisation cosmétique du phénoxyéthanol. Les industriels doivent clairement indiquer sur les emballages que leurs lingettes ne peuvent être utilisées pour enfants de 3 ans et moins si elles contiennent du phénoxyéthanol. Un bon début.
Nos conseils ? Allez plus loin :
• bannissez totalement les lingettes imprégnées
Appliquer une substance qui perturbe le fonctionnement du système hormonal directement sur les parties génitales des plus petits, sans rinçage, plusieurs fois par jour (avant de les recouvrir d’une couche au glyphosate, comme l’a dénoncé l’UFC-Que choisir…) simplement pour nous simplifier la vie… est-ce vraiment indispensable ?
Sans parler des déchets et de toutes les autres substances toxiques pour lesquelles le signal d’alarme n’a pas forcément encore été tiré…
L’absence de phénoxyéthanol ne suffit pas à garantir un cosmétique sain, dépourvu de toute substance indésirable, préoccupante si ce n’est carrément toxique (et ça n’est pas valable uniquement pour les bébés !)
• méfiez-vous des nombreux produits, cosmétique ou autres, contenant des parfums synthétiques
Le phénoxyéthanol, utilisé pour dénaturer leur alcool, y avance souvent masqué derrière l’appellation Parfum ou Fragrance. A fuir, tout particulièrement pour les bébés, enfants et femmes enceintes.
Attention aux remplaçants du phénoxyéthanol
D’accord, mais quelle solution, une fois qu’on a banni le phénoxyéthanol ?
Les conservateurs restent souvent incontournables, notamment dans les produits cosmétiques contenant de l’eau, particulièrement exposés au développement des micro-organismes et aux contaminations bactériennes.
Eh bien le pire, dans cette histoire, est que le phénoxyéthanol n’a rien d’incontournable : il est très facilement substituable. Les cosmétiques bio ou les produits de beauté 100% naturels y arrivent très bien !
Quantité d’autre conservateurs naturels, sains, respectueux de la peau, de notre santé et de l’environnement remplissent cette mission au moins aussi bien que lui. Sans aucun composant nocif.
Mais regardez-y toujours de très près. Tout comme le bisphenol A (BPA) des biberons a parfois été remplacé par des substances qui se sont avérées encore plus dangereuses comme le bisphenol B ou S, l’absence de phénoxyéthanol dans vos produits cosmétiques ne vous préserve pas de tous les conservateurs synthétiques nocifs et autres composants dangereux.
Alors, quelles garanties chercher ?
• les labels bio vous assurent l’absence de phénoxyéthanol mais pas forcément des cosmétiques réellement 100% naturels et sains : des conservateurs synthétiques irritants et allergisants comme le benzoate de sodium ont droit de cité dans de nombreux soins biologiques.
• oubliez la Norme cosmétique naturelle ISO 16128 : elle autorise carrément le phénoxyéthanol !
- On y revient toujours : pour vous assurer que votre cosmétique naturel ne vous entourloupe pas en mode greenwashing, il faut traquer les ingrédients indésirables en décortiquant sa composition.
Et éviter les produits qui manquent de transparence.
Sans ça, vous prenez le risque d’avoir affaire à des conservateurs de substitution au moins aussi néfastes pour l’environnement, nocifs pour la peau et toxiques pour la santé !
Oui, cette crème pour peaux sèches qui met en avant moult ingrédients d’origine naturelle dans un packaging aux couleurs de la nature inspire toute confiance. Mais regardez de plus près la liste de ses ingrédients… Aïe. Le meilleur beurre de karité ne contrebalancera pas les effets néfastes du phénoxyéthanol… parmi d’autres composés indésirables (pour vous aider on vous offre notre guide des ingrédients à éviter dans les cosmétiques qui liste les substances les plus courantes à éviter dans vos soins).
Notre engagement, chez oOlution ?
Nous utilisons des conservateurs exclusivement naturels et non-issus d’huile de palme (ce qui n’est pas le cas de tous les cosmétiques naturels, attention) : vitamine E (ou Tocophérol) naturellement présente dans les huiles végétales, acide phytique issu de végétaux (avoine de blé, d’orge…).
Des conservateurs qui ne se contentent pas d’être sans risques pour la santé et l’environnement : ils sont réparateurs et antioxydants pour votre épiderme, de véritables actifs anti-âge et anti-rides !
Un choix éthique qui complique les formulations et augmente les coûts de revient. Mais nous ne nous voyions pas faire autrement !
Avec ses arguments économiques, le phénoxyéthanol n’est hélas pas près de disparaître des listes des ingrédients des cosmétiques. Tant qu’il sera autorisé, les industriels n’ont aucune raison de s’en passer… à moins qu’on ne les touche au porte-monnaie en refusant de consommer des produits qui en contiennent.
A nous de jouer !
Produits recommandés